Bonjour,
CĆurs sensibles, s’abstenir. Je n’ai aujourd’hui toujours pas recollĂ© tous les morceaux du mien. 54 minutes. C’est le temps que dure cette tuerie de masse dans un lycĂ©e tranquille de l’Alabama. Un jour oĂč tout semblait pourtant se dĂ©rouler comme d’habitudeâŠ
10 h 08 â KEVIN
Mec, il se passe quoi ? Réponds-moi !
10 h 09 â SYLVIA
Tyler est revenu.
10 h 11 â MATT.
Claire jâai trop peur. Il tire sur les gens. Quâest-ce que je fais ? CLAIRE DĂCROCHE SâIL TE PLAĂT !
10 h 27 â AUTUMN
Ăa ne peut pas ĂȘtre vrai. Ăa ne peut pas ĂȘtre Ty. Ăa ne peut pas ĂȘtre mon frĂšre.
10 h 30 â TYLER
Aujourdâhui vous mâappartenez tous.
Aujourdâhui vous allez mâĂ©couter.
C’est le jour du grand discourt au lycĂ©e d’Opportunity et presque tous les Ă©lĂšves et membres du corps enseignant sont rassemblĂ©s dans l’auditorium. Comme tous les ans le discours est le mĂȘme. Un jour Ă la fois spĂ©cial et terriblement redondant pour ces jeunes gens ordinaires qui, bien entendu, prĂ©fĂ©reraient ne pas ĂȘtre obligĂ©s de s’entasser dans le vieux gymnase odorant. Certains s’imaginent ailleurs, d’autres pensent au devoir de maths ou d’histoire qui les attend Ă l’heure suivante, d’autres encore ont la chance d’ĂȘtre Ă l’extĂ©rieur… Pourtant, le goĂ»t amer de ce dĂ©but de journĂ©e devrait ĂȘtre le cadet de leurs soucis car pour chacun d’entre eux, bientĂŽt, tout va basculer.
Tyler est de retour au lycĂ©e, mais ses intentions ne sont pas louables. Il ne vient pas pour se joindre gentiment Ă ses camarades, non, ses plans sont tout autres…
Du point de vue des victimes
L’auteure a optĂ©, afin de nous faire vivre le dĂ©roulement de la tragĂ©die, pour un point de vue multiple. Le point de vue de quelques Ă©lĂšves, tous proches Ă leur façon de Tyler. Tous vont alors nous conter ces atroces minutes, 54, seulement 54, durant lesquelles leurs vies vont basculer. Qu’ils soient aux premiĂšres loges ou en retrait, chacun nous donne sa version du drame. Ses sentiments, ses rĂ©actions. Son vĂ©cu. Un choix poignant.
Si l’on retient un nom ou un visage lors de ces drames, c’est malheureusement toujours celui du ou des tueurs. Les victimes sont souvent dĂ©personnalisĂ©es et odieusement rĂ©duites Ă leur nombre. Pire, parfois uniquement Ă celui morts (parfois ? Pour ne pas dire toujours). C’est horrible.
Ici, dans ce roman, toute notre lecture dépend des victimes dont on suit le parcours et de ceux qui les entourent.
Toute l’histoire se dĂ©roule Ă travers leur yeux, et les sentiments puissants qu’ils doivent affronter. La peur, le courage, le doute. MĂȘme les motivations de cette tuerie sont dĂ©voilĂ©es Ă travers les victimes, par le biais de leurs souvenirs des semaines qui prĂ©cĂšdent le drame, ou de ce que Tyler revendique ce jour-lĂ . Mais nous le vivons toujours selon les victimes, selon leurs sentiments. J’applaudis cela.
Le portrait de Tyler
J’apprĂ©cie, malgrĂ© tout, d’avoir pu percevoir Tyler sous plusieurs angles. Sans les dĂ©fendre, je comprends que les auteurs de ces tueries ne se rĂ©duisent pas Ă des monstres et que tout le monde aurait dĂ» voir venir la tragĂ©die. Non. Ce flottement, le basculement et la visibilitĂ© de celui-ci selon les personnes qui croisent Tyler avant qu’il ne passe Ă l’acte sont trĂšs bien dĂ©crits dans ce roman. Il n’est pas tout blanc ou tout noir, et il est normal que ses futures victimes le perçoivent de diffĂ©rentes maniĂšres. Chacune d’entre elles est cohĂ©rente. C’est utile de le rappeler.
Je ne me remets pas de cette lecture.
Qui dit tuerie, dit malheureusement morts. L’auteure provoque notre empathie Ă chacune d’elles, de l’Ă©lĂšve ou du professeur Ă©voquĂ© en quelques lignes Ă un personnage suivit tout au long du livre, tous nous Ă©meuvent.
BouleversĂ©e, j’ai refermĂ© ce roman en PLS, ratatinĂ©e sur moi-mĂȘme. Je n’avais qu’une envie : ouvrir vite un feel-good pour me remettre de mes Ă©motions.
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